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Frédéric Mitterrand, ancien ministre de la culture et homme de télévision, est mort

Que n’a-t-il pas fait ? Le seul nom de Frédéric Mitterrand évoque une multitude d’images et d’épisodes de la vie culturelle de ces dernières décennies. Né le 21 août 1947, l’homme de lettres et de cinéma, neveu de l’ancien président de la République François Mitterrand, est mort jeudi 21 mars, à l’âge de 76 ans, selon une information communiquée par sa famille à l’Agence France-Presse. Frédéric Mitterrand était atteint d’un cancer depuis plus d’un an, après avoir survécu au Covid-19 – une maladie qu’il ne connaissait que trop bien, son frère aîné, Jean-Gabriel, l’ayant contractée au printemps 2020 et qui avait fini par s’en sortir. Cette douloureuse traversée a inspiré à Frédéric Mitterrand l’un de ses nombreux ouvrages, Une drôle de guerre (Robert Laffont, 2020), ainsi titré pour épingler le vocable militaire martelé par Emmanuel Macron – « Nous sommes en guerre… » – lors de son allocution annonçant le premier confinement, le 16 mars 2020.
Dans ses multiples vies, le dandy érudit et populaire aura été exploitant de salles de cinéma, animateur-producteur d’émissions télévisées, écrivain, réalisateur, scénariste, commentateurs de la vie des têtes couronnées… Politiquement inclassable, Frédéric Mitterrand aura pour le moins surpris le milieu artistique en devenant, en 2009, ministre de la culture et de la communication de Nicolas Sarkozy, le pire ennemi de la gauche.
Né dans une famille bourgeoise, il grandit entouré de ses deux frères (Jean-Gabriel et Olivier), avec des parents séparés et une gouvernante dont il ne garde pas un bon souvenir. Son père, Robert Mitterrand, mort en 2002, ingénieur polytechnicien, haut fonctionnaire et frère aîné de François Mitterrand, s’engage dans la Résistance, tandis que sa mère, Edith Cahier, morte en 2014, élève les trois fils. Elle publiera en 2002 l’ouvrage autobiographique Ma famille Mitterrand (Robert Laffont).
Par quel mystère Frédéric Mitterrand décide-t-il, à l’âge de 12 ans, de se présenter à l’audition du film d’Alex Joffé, Fortunat (1960), avec Bourvil et Michèle Morgan ? Accessoirement seul, un bras cassé et l’air timide, ne dévoilant pas son patronyme. Toujours est-il qu’il est retenu pour le rôle sous le nom de Frédéric Robert et apparaîtra une dizaine de fois à l’écran, notamment dans Merry-Go-Round (1981), de Jacques Rivette.
Après le lycée Janson-de-Sailly, une licence d’histoire et de géographie à la faculté de Nanterre, le voici diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, section service public, en 1968. Il renonce, bien qu’admissible, à passer l’oral de l’Ecole nationale d’administration. Frédéric Mitterrand ne reste pas longtemps enseignant à l’Ecole active bilingue Jeannine-Manuel, à Paris. En 1971, il choisit le cinéma et rachète l’Olympic, au 10, rue Boyer-Barret, dans le 14e arrondissement de Paris. Lui qui voue une passion à La Fièvre dans le sang (1961), d’Elia Kazan, programme un mélange de classiques hollywoodiens et de films d’auteur encore méconnus, ouverts sur le monde.
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